Souvenirs de Xiaomei

小妹的故事

Xiaomei a grandi dans un port de pêche du sud de Taïwan. Elle jette un regard sur le passé de sa famille et du village de son enfance, ainsi que sur son expérience personnelle des relations sino-taïwanaises.

- Illustrations : Z.Q. -

Récits de l’été 2011

« Quand j’étais petite, notre famille avait un bateau de pêche. Papa passait la moitié de l’année en mer. Il travaillait très dur.

Il me manquait beaucoup.

Et puis, il y a eu un typhon au large des Philippines. Bien que mon père en ait réchappé, le bateau a été complètement détruit.

Mon père a alors décidé de changer de métier et d’apprendre à cuisiner. Au bout de quelques mois, nous avons pu ouvrir un restaurant. »

« Enfant, mon grand-père adorait la pêche en étang. Mais à cette époque, la pêche de loisir était interdite.

Un jour, il s’est fait attraper par un policier japonais.

La personne responsable du temple local connaissait bien mon grand-père, et a dit à la police qu’en fait, il pêchait pour le temple.

Le policier a alors accepté de le relâcher. »

« Le mari de ma tante est un Waishengren : c’est le premier membre de notre famille à ne pas être Taïwanais de souche.

Quand ils sont arrivés chez nous pour discuter du mariage, ses parents se sont exprimés en mandarin.

Mais mon grand-père et ma grand-mère ne parlent pas le mandarin. Eux, ils parlent la langue minnan.

Finalement, tout le monde s’est retrouvé un peu embarrassé… Ils n’ont pas beaucoup parlé.  »

« Un jour, alors que j’étais dans une école de langue en France, et que chacun devait présenter la culture de son pays, j’ai dit : « Dans les livres taïwanais, les caractères sont écrits verticalement. C’est la méthode de composition traditionnelle. »

Une camarade du continent a rétorqué : « Nous, nous sommes encore plus avancés, nous avons tout changé pour écrire à l’horizontale, comme en Occident. »

J’ai pensé : « A-t-elle vraiment besoin de dire ça ? »

Ensuite, je me suis dit qu’il valait mieux ne plus se parler.  »