Souvenirs d'Awang

阿王的故事

- Illustrations : L. H. -

Mon grand-père a fait des études universitaires au Japon

« La famille de mon grand-père paternel tenait une épicerie.

Pendant la période coloniale, mon grand-père a pu faire de longues études. Il a notamment intégré l’Université de Dōshisha. C’était un lettré, un intellectuel.

Par la suite, il a enseigné l’anglais au collège, à Taïwan. Un jour, il a eu une dispute très violente avec un collègue waisheng. Ils en sont venus aux mains. Mon grand-père a alors cessé tout enseignement.

Il a vécu plusieurs événements traumatisants pendant la Terreur blanche. Il s’est alors complètement désintéressé de la politique. Il a brûlé une grande partie de ses livres et s’est muré dans le silence. »

« L’oncle maternel de mon père était membre du Parti communiste taïwanais. Après les événements de 2.28, il s’est réfugié dans notre famille.

Du jour au lendemain, sans aucune explication, les parents ont interdit aux enfants de monter au dernier étage de la maison.

Seul le frère aîné de mon père, déjà grand à l’époque, savait que l’on cachait cet oncle dans le grenier.

À cette époque, mon grand-père paternel avait toujours l’impression d’être suivi. Tous les soirs, il demandait à la famille de bloquer la porte de la maison avec des meubles. »

La Terreur blanche

L’histoire du grand-frère du communiste

« À l’époque, que ce soit à Taïwan ou au Japon, les perspectives pour les Taïwanais étaient très limitées. C’est pourquoi beaucoup d’entre eux partaient tenter leur chance en Mandchourie.

Le grand frère de cet oncle caché dans le grenier avait fait des études classiques et parlait le mandarin. Il décida lui aussi de se rendre en Mandchourie.

Il connaissait très bien un général de l’armée japonaise, proche de Wang Jingwei. Celui-ci lui permit de rejoindre le gouvernement de Nankin. Aujourd’hui, on le qualifierait de « traître à la nation ». Mais, en fait, il n’a jamais été jugé.

À la fin de la guerre, il a fui la Chine et est revenu s’installer à Taïwan, à Taïdong. Depuis, il adore raconter son histoire. »

« Les parents biologiques de ma grand-mère maternelle étaient très pauvres, au point de souffrir de la faim. À leur mort, ils portaient encore des sacs en toile de jute en guise de vêtements. Ma grand-mère a alors été vendue à une famille.

Puis, à l’âge de quatorze ou quinze ans, elle a été vendue à un cabaret pour y être hôtesse. C’est là qu’elle a rencontré mon grand-père, de presque vingt ans son aîné. Il l’a achetée pour qu’elle devienne sa femme.

Lorsque l’entreprise de mon grand-père a fait faillite, les créanciers sont venus réclamer leur argent. Ma grand-mère, qui avait alors plusieurs enfants à charge, a dû commencer à travailler. Par la suite, la famille n’a cessé de déménager pour fuir les créanciers.

Lorsque j’étais en première ou deuxième année du primaire, ma grand-mère s’est retirée dans un monastère pour devenir moniale bouddhiste. »

Ma grand-mère maternelle a été vendue comme fille adoptive