French Taiwan Studies Project
Taïwan, île de traditions et de contrastes, attire l’intérêt de nombreux chercheurs et étudiants tout autour du monde. La pléthore d’articles, de thèses, de mémoires, de films et de projets mérite d’être diffusée largement et mise en valeur de manière centralisée. C’est ce que notre site se propose de faire. Amateurs, curieux, professionnels, découvrez la recherche sur Taïwan, venue de France et d’ailleurs
Demi-journée d'études de l'Atelier des Jeunes Chercheurs (26 juin 2023)
Présentation de la demi-journée d’études :
Depuis 2017, le séminaire Taïwan et ses lieux de mémoire s’attache à interroger le processus d’affirmation identitaire de Taïwan et ses ressorts culturels et mémoriels. Pour Pierre Nora, « les lieux de mémoire ne sont pas ce dont on se souvient, mais plutôt le point où la mémoire travaille ». Ainsi, en nous attachant au travail que font les acteurs taïwanais sur leur propre mémoire, nous nous sommes interrogés sur les débats autour de la légitimité historique, culturelle et identitaire dans la constitution d’un « commun ». Car se poser la question des « cadres sociaux de la mémoire », pour reprendre l’expression de Maurice Halbwachs, c’est finalement s’interroger sur ce qui nous lie en tant que groupe. Quelles histoires transmettons-nous ? Quels récits construisons-nous ? Quels affects mobilisons-nous ? Quels personnages retenons-nous ? À qui nous adressons-nous ? Avec quels mots, quelles langues, à travers quels repères ?
Cette année, nous avons décidé d’aborder les questions mémorielles à Taïwan par la question du lien, auquel nous avons assorti les termes d’espace et de distance. Il ne faudrait cependant pas se contenter d’une acception simplement spatiale et géographique de ces termes. Qu’il soit matériel, social ou symbolique, l’espace est un lieu de production de sens et de significations. Les dynamiques mémorielles qui le traversent et le travaillent construisent le proche et le lointain, le « nous » et l’ « autre ». De ce triptyque « lien, espace, distance » transparaît un quatrième terme, celui de frontière : celle qui délimite l’espace, construit la distance, et que le lien traverse.
Les problématiques sont amples et les termes polysémiques. C’est volontaire, afin de pouvoir proposer une réflexion commune en nous basant sur du concret : nos enquêtes de terrains (qu’ils soient géographiques ou textuels, à Taïwan ou ailleurs). Nous avons ainsi pu, par exemple, discuter du lien à la terre natale chez les Waishengren, de la frontière entre les espaces sacrés et profanes dans le rituel du Ba Jia Jiang, ou encore élargir notre horizon en pensant le lien et la distance des Coréens au Kazakhstan.
Pour cette demi-journée d’études, c’est au tour des étudiants et étudiantes du séminaire de prendre la parole et de réfléchir à ces questions. Quels espaces nos enquêtes parcourent-elles ? Quelles frontières observons-nous ? Quels liens sont construits, comment sont-ils entretenus ? Quelles distances ces liens parcourent-ils ? Quels récits, quelle mémoire se trouvent mobilisés ? De quelle manière observons-nous la construction d’un « commun » ?
L’objectif est de proposer un cadre bienveillant où nous pouvons, toutes et tous, nourrir ces réflexions à l’aune de nos enquêtes de terrain respectives, en présence de nos camarades et de chercheurs et chercheuses confirmés. La question du lien ne saurait cependant se cantonner au seul espace taïwanais, cet atelier a également pour vocation de décloisonner nos travaux des seuls curieux et curieuses de Formose et sera donc ouvert aux auditeurs et auditrices extérieurs au séminaire.
Programme
Chercheuses et chercheurs invités : Stéphanie Homola (CNRS), Vincent Goossaert (EPHE), Jérôme Soldani (Université Montpellier 3), Xiaohong Xiao-Planes (Inalco), Beatrice Zani (Université McGill).
Organisateurs : Luc Castaneda et Wang Xihao, accompagnés par Samia Ferhat.
Panel 1
14h00 – 15h30
Le rituel du mariage des couples de même sexe à Taïwan : débuts d’une enquête
Nausica Rivière, doctorante (IFRAE – INALCO)
Du monolinguisme au multilinguisme : La démocratie dans les politiques linguistiques de Taïwan
Chen Shen-Bin, doctorant (Université Sorbonne Nouvelle)
Pause-café
15h30 – 16h00
Panel 2
16h00 – 18h00
Diplomatie et stratégie missionnaire du Saint-Siège envers la République de Chine de 1928 à 1946
Père Landry Védrenne, doctorant (FASSE, Institut Catholique de Paris)
Les bodhisattvas du 13ème arrondissement : Tzu Chi, de Taïwan à Paris et de Paris à Taïwan
Luc Castaneda, Master 2 Études asiatiques (EHESS)
Informations pratiques :
Adresse : Salle 327, Bâtiment de recherche de l’EHESS, Campus Condorcet, 2, cours des Humanités, 93300 Aubervilliers
Métro : Ligne 12, station Front Populaire
Pour suivre l’atelier en ligne : https://bbb.ehess.fr/b/sam-rfj-plu-l6j
Séances complémentaires avec Tsai Yu-yueh (26 mai et 2 juin 2023)
Dans le cadre des Perspectives taïwanaises, Tsai Yu-yueh (Academia Sinica) proposera deux séances complémentaires s’inscrivant dans le séminaire « Taïwan et ses lieux de mémoire : lien, espace et distance ».
26 mai :
我會建議附檔我初稿的題目Indigenous DNA as a Metaphor: Scientific Debates on the Rediscovery of Taiwanese Ancestry and Nation-Building
附檔的初稿你先別外傳,但這個研究很有趣,有新的資料,包括台灣祖先爭議如何寫入新的歷史教科書,比較完整也有份量。
Abstract
The development of genealogical science in the twenty-first century has important implications for national and racial/ethnic construction. In Taiwan, genetic research on the origins of Taiwanese has involved racial/ethnic issues but also the dispute over Taiwan’s national identity with the People’s Republic of China, which claims that “we have the same roots” or “blood is thicker than water.” After the end of martial law (1945-1987), scientific research on multi-origins and genetic makeup of Taiwanese emerged. In particular, Marie Lin,M.D., widely known as “the mother of the research on Taiwanese blood,” and her teams have been devoted to revealing the origins of the ethnic groups in Taiwan. My research pushes the concept of co-production between science and politics (Jasanoff, 2004) further by addressing the “nationalization of biomedicine” and the “biomedicalization of the nation”. I explore how the Taiwan’s changing identity politics, including the emergence of the new categorization of four great ethnic groups, multiculturalism, and Taiwanese nationalism, has profoundly influenced genetic research on Taiwanese genealogy and how scientific findings produced in the lab have then spilled out into both Taiwan and the PRC through journals, media, history textbooks, and public disputes since the 1990s. For genealogical science to play a constructive role in identity-making, this research shows that we need to remain vigilant to genetic technology, scientific knowledge formation, and methodology by looking at scientists’ works and discourses through an STS perspective to extend the epistemological reflection.
2 juin :
From strategic scientific essentialism to de-essentialism: Genetic Science and the Name Rectification Movement of the Thao(邵) Indigenous peoples in Taiwan
Abstract
Using the name rectification movement of the Thao people in Taiwan as an example, this article analyzes how name rectification activists used human genome research to achieve their re-naming goal. I use historical and field data to argue that Thao ethnic activists used DNA evidence as an example of “strategic scientific essentialism” in Thao identity formation. After the Thao was officially recognized by the Taiwan government in 2001, DNA evidence was deemphasized compared to land ownership, the establishment of a Thao national council, and the promotion of Thao language learning in the construction of Thao ethnicity. This shift from “strategic scientific essentialism” to “strategic scientific de-essentialism” confirms that ethnic identity is not primordial, but a product shaped by social and political change. The Thao’s successful re-naming campaign demonstrates how genetic knowledge can generate significant social effects on resource access and power redistribution by shaping ethnic identity and differences.
Rencontre sur le thème "Récits et mémoire" avec Évelyne Ribert et Sébastien Ledoux, et autour du livre Le Temps des mots, un dialogue sino-taïwanais.
En France comme ailleurs à l’étranger, étudiants chinois et taïwanais se croisent. À la fois curieux les uns des autres et gênés, éprouvant un sentiment d’altérité, ils constatent leurs représentations divergentes : les Continentaux évoquent une appartenance commune avec les Taïwanais, ces derniers pointant au contraire le « fossé » les séparant d’eux. Ils sont observés par l’une de leurs enseignantes, spécialiste de Taïwan, qui se propose d’organiser leur rencontre et de réfléchir avec eux aux poids des mémoires officielles, institutionnelles et familiales, dans leurs identifications. Les échanges se déroulent dans le cadre d’un dispositif de recherche original, un « atelier » autour de films traitant des passés chinois et taïwanais, mis en place par l’autrice à partir de 2009 et regroupant dix participants (…). Cet ouvrage explore plus spécifiquement les mémoires familiales, qui s’étendent sur deux, trois, voire quatre générations et qui, déroulées sous nos yeux, révèlent les cadres sociaux collectifs des mémoires. Recueillies de 2009 à 2021, ces mémoires sont celles de la génération née dans la décennie 1980, alors que la démocratie est instaurée à Taïwan et que l’enrichissement est prôné en Chine.
Année universitaire 2022-2023
L’équipe de French Taïwan Studies est heureuse de vous annoncer la reprise de son séminaire, intitulé cette année « Taïwan et ses lieux de mémoire : lien, espace et distance ». La première séance a eu lieu le lundi 14 novembre 2022.
Activités scientifiques
Découvrez nos activités scientifiques : journées d’études, ateliers, projections…