Cette rubrique présente une collection non exhaustive de travaux académiques (articles, ouvrages, mémoires, productions multimédia, etc) sur le thème des études taïwanaises. Elle se propose d’offrir un aperçu des réalisations récentes de chercheurs et d’étudiants.

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Wang Wenxing, le « dos à dos » avec le présent

Marchand Sandrine.

Perspectives chinoises,94, 2006.

Abstract (Français) :

Un Homme dos à la mer (Beihai de ren), le dernier roman de Wang Wenxing qui a été écrit en deux temps et a nécessité vingt-cinq années de labeur, se démarque de ses œuvres précédentes, à la fois de son roman Processus familial (Jiabian), qui l’a rendu célèbre par le scandale moral qu’il a soulevé, de son recueil de nouvelles, ainsi que de ses publications récentes, deux recueils de sanwen sur des sujets divers. Ce texte vient en effet rompre une écriture qui, malgré des audaces de langage déjà très réfléchies dans le premier roman, était restée classique, pour atteindre ici à un travail expérimental sur la dérive du sens à l’intérieur du cadre romanesque4. On a comparé cet ouvrage à Ulysse de Joyce, mais cette comparaison n’est d’aucune aide pour suivre le rythme épuisant entre les sons et les mots qui gouverne ce roman écrit sous la forme d’un long monologue. Il amorce une synthèse des deux courants littéraires des années 1960-1970, à savoir la littérature moderniste, en poursuivant une recherche du langage défiant la compréhension, et la littérature du terroir du fait qu’il a pour cadre un petit village de pêcheurs et pour personnages des pauvres hères en marge de la société. On peut aussi penser qu’il adopte par cette mixité même le caractère hybride propre à la littérature post-moderne. Ce roman porte à l’exégèse. Il est plus destiné à la spéculation universitaire qu’au lecteur ordinaire. Cependant, il ne s’agit pas tant d’une écriture de la discontinuité, de l’effondrement répondant aux normes post-modernes que d’une écriture qui, épousant le genre picaresque – anti-roman idéaliste par excellence – décrit non seulement un univers dérisoire, mais se tourne elle-même en dérision. En outre, selon les propos mêmes de son auteur, cet ouvrage, refusant toute catégorisation, est « un tableau de la condition humaine à valeur universelle »5.

Le parti pris de cet article est de relier ce roman au reste de l’œuvre de Wang Wenxing en l’interrogeant, d’un point de vue historique, sur le rapport entre les atrocités commises dans la guerre opposant les communistes aux nationalistes et une vision du monde où le nihilisme laisse la place au cynisme. Partant de la dernière page du texte, on considérera la question du mal, interrogera sa possibilité chez un personnage qui ne peut regarder l’existence, passée et présente, en face.

Mots-clés :

littérature taïwanaise, Wang Wenxin

Texte intégral :

https://journals.openedition.org/perspectiveschinoises/956