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De Hemingway au chinois classique : le travail de la langue de l’écrivain taïwanais Wang Wen-hsing
Marchand Sandrine.
Continents manuscrits,2, 2014.
Abstract (Français) :
Dans les années 1970, l’« occidentalisation » de Wang Wen-hsing lui attire les foudres de la critique. On lui reproche, entre autres choses, de mal écrire, d’être incompréhensible et d’écrire dans une langue occidentalisée. Lui-même semble prendre pour modèle son professeur de français, dont le niveau de chinois classique était très élevé. Entre chinois classique, moderne, dialecte de sa région natale (très proche du dialecte de Taïwan), anglais, et français idéalisé, Wang Wen-hsing invente sa propre langue. Dans les manuscrits de son premier roman, il recourt au syllabaire que les enfants utilisent en cours d’apprentissage de la langue chinoise pour remplacer les caractères d’écriture, syllabaire qui disparaît ensuite à la publication. Que nous apprend l’utilisation de ce syllabaire sur le travail créatif de l’auteur ?
Wang Wen-hsing est un auteur qui, entre extrême précision et violence, consacre sa vie et toute son énergie au travail de la langue. Quelle langue tente-t-il d’approcher : le chinois normatif des temps anciens, la langue américaine de Hemingway, ou un mélange des deux ?
Multilingue à l’intérieur de la langue chinoise moderne, elle-même langue encore proche du chinois classique, abandonné seulement au début du xxe siècle, l’écriture romanesque de Wang Wen-hsing, qui a pour critère de valeur le « tong-shun » (clarté et aisance), est le fruit de l’oralité et d’une langue expérimentale. Ce rapport à la langue vient-il de sa situation d’émigration, de son isolement des milieux politiques et intellectuels, comme cela lui a été reproché lorsque justement on l’accusait d’écrire dans une langue incompréhensible pour le lecteur ?
Pourquoi ces romans sont-ils jugés incompréhensibles ? En raison du niveau du lecteur moyen ? Pour des raisons géopolitiques, car il est un émigré en position dominante dans l’île ? Parce que la langue chinoise est dans une période de transition forte ? Toutes ces questions seront posées en référence aux critiques émises contre l’auteur, et dans l’étude de ses manuscrits, qui révèlent un processus particulier d’écriture où la langue chinoise oscille entre traits d’écriture et tentation de l’alphabet.
Mots-clés :
littérature taïwanaise, Wang Wenxin, Wang Wen-hsing