Souvenirs de Xiaoying

小英的故事

- Illustrations : L. H. -

Les fugues

« Quand j’étais petite, l’éducation des enfants était très sévère. Un matin, alors que j’étais en deuxième année de primaire, ma mère a retrouvé une tasse à thé cassée sur le sol. Elle s’est beaucoup fâchée contre moi. En fait, je ne sais plus si c’est le chat ou moi qui était responsable.

Sous le coup de la colère, j’ai pris la tasse et je me suis enfuie de la maison, en pantoufles et en pyjama. J’ai passé toute la journée dehors à marcher dans le quartier. Ce n’est qu’à la nuit tombée que je ne suis retournée à la maison.

À l’âge de dix ans, ma mère m’obligeait à suivre des cours de soutien pour les Olympiades de mathématiques. Cela avait lieu le dimanche. Une fois, alors qu’elle m’avait déposée devant l’école, j’ai attendu qu’elle parte pour filer avec une de mes camarades.

Cette amie m’a alors emmenée dans un champ de pissenlits, tout à côté de l’école. Nous nous sommes tellement amusées que nous n’avons pas vu le temps passer. Lorsque je suis rentrée le soir, mon père était furieux. Il m’avait cherchée partout. »

Mon père était enrôlé dans les Gardes rouges

« Mon père a été Garde rouge. Il a fouillé les maisons et a écrit des dazibao.

C’était un adolescent à l’époque. Un jour, sans rien dire à sa famille, il a pris le train pour Pékin. Il s’est retrouvé avec des jeunes un peu plus âgés que lui. C’était le début de la Révolution culturelle, et aucun d’entre eux n’a eu besoin de payer son billet.

Arrivés à Pékin, ils se sont rendus sur la place Tian’anmen ; ils y ont vu le président Mao qui les saluait de la main.

Plus tard, il a été envoyé à la campagne pour devenir forgeron, mais il n’avait même pas la force de soulever le marteau. »

Ma grand-mère : une femme traditionnelle

« Ma grand-mère est issue d’une famille de lettrés. Elle a pu faire des études conformes aux principes de la Nouvelle éducation. Elle n’a pas eu les pieds bandés.

Mon grand-père a pris une concubine, avec qui il s’est installé. Malgré sa tristesse, ma grand-mère ne s’en est jamais ouvertement plainte.

Elle était d’une nature très douce. Elle pensait que le plus important était de s’occuper de ses trois fils.

Lorsque la concubine de mon grand-père est décédée, elle a demandé à son fils aîné d’aller aux funérailles présenter des condoléances. »

Les relations inter-détroit

« Un jour, lors d’un cours de français, notre enseignante a dit : « Taïwan est un État à part entière ».

Des étudiants ont alors répliqué : « Non ! Taïwan est une province !».

Je me suis levée pour donner mon point de vue et réfuter ce que venait de dire l’enseignante. J’ai donné des arguments tirés du discours officiel pour montrer que, d’un point de vue historique, Taïwan était bien une province chinoise.

J’ai beaucoup lu sur le sujet par la suite. J’ai pu comprendre plus de choses, notamment sur l’histoire, et mon opinion a évolué. Aujourd’hui, je pense que le destin de Taïwan est entre les mains des Taïwanais ; c’est à eux de faire leurs propres choix. »